Nouvelle Présidence au Conseil scientifique de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance
Blandine Mallevaey, Professeur de droit privé et sciences criminelles à la Faculté de Droit de l’Université Catholique de Lille, fait partie de ces profils dont l’engagement pour leur domaine de prédilection les pousse toujours à élargir le champ des possibles et à se réinventer à travers de nouvelles missions.
Voici l’interview de la nouvelle Présidente du Conseil scientifique de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance.
Dans quel contexte arrive cette nomination, comment le choix a-t-il été effectué ?
« Je suis membre du Conseil scientifique de l’ONPE depuis septembre 2022 (j’étais déjà membre depuis un an du Conseil scientifique de l’ODPE (Observatoire départemental de la Protection de l’enfance) au sein du département du Nord). En mars 2023 s’est terminé le mandat de l’ancienne présidente du Conseil scientifique de l’ONPE ; on m’a alors proposé de me présenter pour lui succéder. J’ai été élue à la présidence de ce Conseil scientifique, à l’unanimité, le 7 mars dernier. »
Quel est le rôle du Conseil scientifique de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance ?
« Avant cela, quelques mots sur le rôle de l’ONPE : l’ONPE a pour objectif une meilleure connaissance de l’enfance en danger et de la protection de l’enfance pour mieux prévenir ces situations et mieux les traiter. Il a donc pour missions d’améliorer la connaissance sur les questions de mise en danger et de protection des mineurs à travers le recensement et le développement des données chiffrées, des études et des recherches ; de recenser, analyser et diffuser les pratiques de prévention et d’intervention en protection de l’enfance ; et de soutenir les acteurs de la protection de l’enfance. Par exemple, parmi les dernières publications et recherches soutenues par l’ONPE, figurent un rapport sur la protection des enfants et adolescents de la prostitution, une fiche repères sur l’enfant victime des violences conjugales, une revue de littérature sur la scolarité des enfants pris en charge en protection de l’enfance, un rapport au gouvernement et au parlement sur la santé des enfants protégés, etc…
Le Conseil scientifique de l’ONPE est une instance d’expertise, de conseil et de proposition qui examine, évalue et assure le suivi des projets de recherche financés par l’ONPE. Il est composé de 10 représentants d’organismes commanditaires de recherche dans le champ de la protection de l’enfance et de 10 chercheurs reconnus pour leurs compétences en matière de protection de l’enfance. »
Quelles vont être vos grandes missions dans ce nouveau poste prestigieux et challengeant ?
« Le président du Conseil scientifique de l’ONPE anime et coordonne l’activité de ses membres, en relation étroite avec la direction de l’ONPE. Il peut être entendu par les décideurs publics pour porter la voix du Conseil scientifique de l’ONPE dans le cadre de toute réflexion quant à l’évolution des lois et règlements applicables dans le champ du droit de l’enfance et de la famille. »
Les travaux du Conseil scientifique de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance influencent-ils les futures lois qui pourraient être votées en matière de droit et de protection de l’enfance ?
« C’est le but en effet ! Par exemple, l’ancienne présidente du Conseil scientifique de l’ONPE a été auditionnée au sujet de la proposition de loi adoptée par l’Assemblée Nationale le 6 mars dernier, qui vise à garantir le respect du droit à l’image des enfants. Les recherches soutenues par l’ONPE, et évaluées par son Conseil scientifique, sont porteuses de préconisations et de recommandations opérationnelles dont beaucoup s’adressent au gouvernement et au parlement. Les prendre en compte est une garantie que les droits et l’intérêt supérieur de l’enfant sont vraiment au cœur des préoccupations. »
Comment ce nouveau rôle va-t-il pouvoir servir le laboratoire de Recherches de la Faculté de Droit de l’Université Catholique de Lille, le C3RD, dont l’un des piliers est notamment les « Vulnérabilités des personnes » (point phare en matière de protection de l’enfance) ?
« Je ne vais pas insister sur toutes les raisons qui font qu’un enfant est un être d’une particulière vulnérabilité, tant cela est évident. L’axe « Vulnérabilités » du C3RD s’est d’ailleurs initialement construit autour des vulnérabilités de l’enfant et des travaux menés par ses membres au sein de la Chaire Droits et intérêt supérieur de l’enfant (qui est l’ « ancêtre » de la Chaire Enfance et familles). Ma présence au sein du Conseil scientifique de l’ONPE me permet de valoriser les travaux menés de longue date par les chercheurs du C3RD sur les vulnérabilités. Par exemple, Romain Laulier, Maître de conférences et Directeur du Master Professions juridiques et judiciaires, et moi-même, avons dirigé un ouvrage qui va être publié très prochainement, intitulé Vulnérabilités et accès au juge, auquel ont contribué de nombreux chercheurs du C3RD. Nadia Beddiar, Professeur et Directrice du D.U. Droit et intérêt supérieur de l’enfant, a notamment écrit un article sur l’accès des mineurs délinquants au juge pénal ; Léa Jardin, Docteure et membre de la Chaire Enfance et familles sur l’accès au juge des mineurs non accompagnés ; moi-même sur l’accès de l’enfant au juge aux affaires familiales. Comptez sur moi pour faire connaître ces contributions et diffuser nos préconisations au sein du Conseil scientifique de l’ONPE ! En espérant qu’elles soient entendues par nos décideurs publics… »
La Chaire Enfance & familles, que vous dirigez, s’est étoffée de nouveaux assistants-doctorants l’année passée ; en quoi cette toute nouvelle nomination peut-elle servir leurs travaux de recherches ?
« La Chaire Enfance et familles a connu une activité soutenue durant l’année écoulée, avec l’accueil de deux nouveaux assistants-doctorants (Florian Watier, qui prépare une thèse sur « Les relations entre enfant et parents à l’épreuve de l’incarcération », et Anastasia Conroux, qui travaille sur « L’appréhension juridique des relations d’emprise ») et la soutenance de la thèse de Léa Jardin consacrée à « La protection des mineurs non accompagnés en France », ainsi qu’une autre soutenance prévue en juin (thèse de Marion Rousseaux sur «L’instrumentalisation de l’enfant mineur par ses parents»).
Le point commun entre tous leurs travaux est que la protection de l’enfance est toujours au cœur de leurs préoccupations. Ma présence au sein du Conseil scientifique de l’ONPE permet notamment que tous les membres de la Chaire Enfance et familles – moi y compris – soient à la pointe de l’actualité dans toutes les disciplines qui intéressent leurs sujets de recherche respectifs, et pas seulement en droit. Ayant moi-même la chance d’échanger au sein de ce Conseil avec des médecins, des pédopsychiatres, des psychologues, des sociologues, des chercheurs en sciences de l’éducation, etc., tous spécialistes de la protection de l’enfance, je peux ensuite orienter nos doctorants vers ces chercheurs qui pourront leur apporter un éclairage précieux dans le cadre de leurs recherches. »
Nul doute que cette nouvelle prise de fonction, au-delà de faire briller la Faculté de Droit de l’Université Catholique de Lille, lui ouvrira de nouveaux horizons dans le domaine de la protection de l’enfance. Une occasion de perfectionner et d’approfondir les programmes de ses formations et de marquer toujours plus son engagement dans les problématiques actuelles de notre société. Encore toutes nos félicitations à Blandine Mallevaey pour cette très belle nomination !
Article édité le 24 mars 2023
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