Enseignant/Chercheur / Recherche

Être doctorante à la FLD

Je m’appelle Caroline, j’ai 24 ans et je suis actuellement en 2e année de thèse que je réalise au sein du Centre de Recherche sur les Relations entre les Risques et le Droit (C3RD), le laboratoire de la Faculté de Droit de l’Université Catholique de Lille, qui est rattaché à l’École doctorale de l’Université Polytechnique Hauts-de-France.

Le sujet de ma thèse est le suivant : « Des usages du numérique dans l’Administration ». Il s’agit d’une thèse en droit public, plus précisément en droit administratif, avec une composante en droit du numérique qui m’amène à réfléchir sur les risques que suscitent ces nouveaux usages pour les administrés et le service public de manière générale.

Thèse ? Doctorat ? Peux-tu décrypter pour nous, les profanes, ces mots ?

Le doctorat est le diplôme universitaire qui intervient après le master et que l’on prépare lorsqu’on fait une thèse ; c’est le plus haut diplôme universitaire délivré en France et reconnu à l’international.
La thèse est un terme qui permet, à la fois, de définir le travail matériel, concret, que nous écrivons et présentons lors d’une soutenance, et la période que l’on vit avant l’obtention du diplôme qu’est de doctorat.
On dit communément « je fais une thèse » ou « je suis en thèse » plutôt que « je fais un doctorat » ou « je suis en doctorat », le doctorat correspondant, en réalité, au diplôme obtenu en fin de parcours alors que la thèse est, elle, assimilée à la production écrite et à toute la période précédant le doctorat.

Qu’est-ce qui t’a amenée à faire une thèse ?

À l’issue de mon master 2 et notamment de la rédaction de mon mémoire de fin d’étude, Madame Delphine POLLET-PANOUSSIS, qui était à la fois ma directrice de mémoire et de master, m’a proposé de faire une thèse sous sa direction, estimant que j’avais les capacités requises pour mener un travail de recherche.
À la suite de cette proposition, j’ai pris quelques jours de réflexion car je nourrissais le projet d’intégrer un second master 2 pour me spécialiser en droit de l’environnement, et de préparer, dans le même temps, le concours d’avocat.
Finalement, je n’ai pas perçu la thèse comme étant en contradiction avec mon projet professionnel initial mais plutôt comme une plus-value qui m’ouvrirait d’autant plus d’opportunités. Alors, j’ai fait le choix de ne pas intégrer le second master 2 que je visais et j’ai accepté d’entrer en thèse.

Ainsi, pour moi, la thèse n’a pas été un projet qui a mûri avec les années, elle s’est plutôt présentée à moi très tardivement. Cependant, je pense aussi que, inconsciemment, c’est quelque chose qui m’a toujours attirée dans la mesure où j’ai particulièrement aimé, dans le cadre de mon master, les séminaires de recherche et la rédaction des mini-mémoires. J’ai également beaucoup apprécié l’expérience du mémoire de fin de master. En suite, je pense que j’étais tout aussi attirée par l’enseignement universitaire, mais que je ne m’étais jamais autorisée à voir cela comme un réel projet car je ne pensais pas avoir les capacités de faire une thèse. Aujourd’hui, je ne regrette absolument pas d’avoir saisi cette opportunité.

Qu’en est-il de ton projet professionnel, aujourd’hui ?

Lorsque je suis entrée en thèse, de nouveaux projets ont pu mûrir en moi puisque j’ai vu l’opportunité de devenir enseignant-chercheur et notamment maître de conférences. Dans un premier temps, c’est plutôt le projet professionnel que je privilégiais, mais finalement, je me rends compte avec le temps qui passe et aussi mes expériences vécues grâce à la thèse, que la profession d’avocat m’attire toujours et que c’est cette option que je choisirai en priorité. Ainsi, j’envisage de devenir avocate à l’issue de ma thèse, mais, considérant mon amour pour l’enseignement, je ferai en sorte d’être intervenante à l’Université ; je ne pense pas prétendre à un poste de maître de conférences.

Pourquoi la profession d’avocat t’attire-t-elle tant ?

Je me suis rendu compte, notamment grâce à l’activité de coordinatrice du bus de l’accès au droit que je mène en parallèle de ma thèse, que j’aimais beaucoup être sur le terrain au contact de gens et percevoir l’impact concret et direct de mon travail. C’est la raison pour laquelle je pense que la profession d’avocat me correspond plus.

Concernant le métier de maître de conférences, il y a aussi beaucoup de choses qui suscitent mon intérêt dans cette profession notamment la transmission du savoir et le fait de maintenir une activité de recherche. Mais, je pense que devenir avocate ne sera pas incompatible avec mon désir de transmettre du savoir puisque je pourrai être vacataire à l’Université et, en même temps, continuer à écrire des articles dans des revues, si j’en ai envie.

A la lumière de ce que tu as précédemment exposé, quel est l’intérêt, alors, de faire une thèse ?

La thèse est la voie royale pour devenir maître de conférences, entrer dans le monde académique et faire vraiment de la recherche et de l’enseignement son métier à temps plein. Toutefois, je pense qu’il est important de préciser que le fait d’avoir comme projet de devenir maître de conférences n’est pas forcément le seul argument qui motive les étudiants à faire une thèse. En effet, la thèse, au-delà d’ouvrir cette porte sur le monde académique apporte énormément de choses d’un point de vue intellectuel et humain au doctorant et les compétences acquises seront forcément revalorisées quelle que soit la profession que le jeune docteur décide d’embrasser.

La thèse est un grand travail de réflexion qui vous demande d’être en mesure de prendre de la hauteur sur une sujet très large, de savoir le problématiser et de pouvoir faire des propositions concrètes pour répondre aux enjeux identifiés.

Aussi, elle est l’occasion de devenir un grand spécialiste de son sujet puisque chaque doctorant choisit et travaille sur un sujet assez précis. La thèse permet ainsi d’avoir un atout extrêmement valorisant sur le marché du travail, en dehors du milieu strictement universitaire.

Que dirais-tu à un(e) étudiant(e) qui voudrait réaliser une thèse mais qui est encore hésitant ?

Il faut tout de même être un minimum sûr de soi car c’est un travail difficile, de longue haleine, qui se prépare sur 3 ans et qui demande de savoir travailler en grande autonomie. Bien entendu, notre directeur de thèse nous suit et nous encadre mais, la majorité de son temps de travail se fait seul. Alors, il faut être sûr de soi, il faut aimer son sujet et il faut peut-être avoir déjà quelques expériences dans le domaine de la recherche en ayant par exemple participé à des séminaires de recherche ou, au moins, apprécié l’expérience de la rédaction du mémoire de master 2.

Je dirais à l’étudiant qui coche toutes ces cases, d’avoir le courage de relever le défi car la thèse est une très belle expérience, certes éprouvante, quelquefois, mais qui reste très très belle.

Moi, je dirais que la thèse m’a fait grandir.

Je vois réellement la différence entre l’étudiante de master que j’étais il y a deux ans et celle que je suis aujourd’hui. J’ai énormément appris d’un point de vue intellectuel, la méthode d’apprentissage étant totalement différente de ce à quoi nous sommes habitués pendant nos études. En thèse, vous devez prendre l’initiative de faire des recherches, de sélectionner vos sources, de vous imprégner de toute cette masse précieuse d’informations, de prendre de la hauteur et de développer vos propres idées et positions.

De ce fait, la thèse est réellement une opportunité de se spécialiser dans un sujet très précis et de l’appréhender dans les moindres détails. C’est en cela que c’est une expérience très enrichissante où l’on se voit véritablement évoluer au fil des mois. Aussi, je dirais que la thèse m’a fait grandir d’un point de vue humain ou en termes de qualités développées. En effet, eu égard au temps, aux efforts et à la grande autonomie requis, on est toujours obligé de repousser ses limites, de s’autodiscipliner, d’être très rigoureux avec soi-même et d’être en mesure de remettre constamment en question nos idées et préjugés. Ces précieuses qualités, une fois acquises, nous suivent toute notre vie et seront extrêmement valorisantes sur le marché professionnel, peu importe la voie que l’on décide d’emprunter.

Article édité le 29 avril 2024